6.8
Score

Pros

  • Color
  • Price
  • Reliability
  • Easy to get

Cons

  • No charger
  • Left handed use only
  • Supports only Apple products
  • Low storage
Battery life
8
Storage
6
Price
4
Design
9
Reliability
8

Final Verdict

Sed a risus diam. Integer ac erat sapien. Phasellus varius, sem feugiat consectetur laoreet, nisl lacus semper eros, eu blandit nulla elit ut purus. Phasellus scelerisque pulvinar purus, rutrum gravida ex blandit eu. Donec quis sagittis ipsum, eu placerat nulla. Vestibulum nec ullamcorper sapien. Pellentesque id mattis purus.

  • Q1: Yasmine Hatimi, vous êtes photographe et artiste. Je voudrais commencer par une question que je pose à tous mes invités, qu’est ce la masculinité pour vous?
    • R1: La masculinité pour moi… La première chose qui me vient en tête, je l’associe beaucoup à la virilité, l’homme qui va prendre soin de sa famille, qui va être protecteur. Après, Rojola peut dire beaucoup d’autres choses associées à l’homme qui est respectueux, poli, etc… genre il y a d’autres manières de voir Rojola. Mais moi, personnellement, la première chose qui me vient en tête c’est la virilité, et ce truc de se dire “Koun Rajel” (soit un homme). Donc Rojola, dans ma tête je l’associe pas mal à la virilité.
  • Q2: Yasmine, on peut voir que la masculinité est très présente dans vos travaux artistiques, pourquoi travaillez-vous dessus?
    • R2: C’était très important pour moi de parler de cette nouvelle génération d’hommes, car c’est eux qui vont représenter le Maroc de demain. J’ai toujours voulu travailler sur la jeunesse, et j’ai voulu parler de masculinités. La masculinité c’est pas la virilité, il peut y avoir plusieurs masculinités, et c’est ça ce qui m’intéressait. Il y a aussi le contexte dans lequel on vit au Maroc qui m’a aussi poussé vers le sujet, parce que on a besoin en tant que femmes d’alliés, et si les hommes ne sont pas nos alliés, ça ne sert à rien… dans notre combat je veux dire. Et voilà, je trouve cette nouvelle génération plus prometteuse, je trouve qu’elle a envie des mêmes choses que moi, qu’on a envie de liberté, qu’on a envie d’égalité… après il y a des nuances, il ya peut être des jeunes plus conservateurs que d’autre, mais j’ai l’impression comme même qu’on est en train d’aller vers un nouveau modèle. Donc je me suis tournée vers les hommes, et j’ai commencé ce travail sur les masculinités, pour essayer de porter un nouveau regard sur le jeune homme marocain ou maghrébin.
  • Q3: Yasmine Hatimi, quand on voit vos photos on peut voir une pluralité de masculinités. Je voudrais savoir s’il existe un message engagé derrière ce travail?
    • R3: Je pense qu’il est là inconsciemment, c’était pas mon premier but d’avoir un message, c’était plutôt d’explorer, et que mon sujet aussi découvre des aspects de lui même que je ne connaissais pas. Et c’est pour cela que je ne prend jamais dans leur contexte, ou dans un endroit où ils ont l’habitude d’aller, on va vraiment loin, comme si je les kidnappent, on allait loin dans une forêt, et là il y a une intimité qui va se créer, et il y a des choses qui vont se dévoiler, que je vais découvrir et que eux aussi vont découvrir d’eux-mêmes. Et après, on découvre plus de nuances, de contrastes, et eux se découvrent aussi de nouveaux aspects. Peut être que ce ne sont pas des aspects qu’ils vont développer par la suite, mais pourtant pendant une petite seconde ça était là, l’expression était là, l’émotion était là, et moi avec la photo je veux capturer cette émotion pour la faire durer éternellement, c’est comme une sorte de preuve. Et je vois ce travail comme une exploration, j’apprends tous les jours, c’est vraiment une thématique que j’ai envie d’approfondir, donc je suis à plein dedans. 
  • Q4: Yasmine, vous avez beaucoup parlé de l’homme maghrébin et de l’homme marocain, qui est l’homme maghrébin?
    • R4: L’homme maghrébin il est diverse, il est contrasté, il est nuancé, alors que souvent on va nous donner une vision très stéréotypée de l’homme maghrébin, aussi c’est un regard de l’extérieur, du monde occidental je veux dire, qui donne une image de l’homme maghrébin qui est toujours la même. Les gens ont toujours un fantasme de cet homme maghrébin et ils ne veulent pas voir autre chose. Alors que l’homme maghrébin est diverse et c’est très important de montrer àa. Il n’y a pas une seule façon d’être homme maghrébin je pense.
  • Q5: Il y a quelques années, j’ai regardé un film tunisien intitulé “L’amour des hommes”, c’est un film qui parle d’une photographe qui prend les hommes en photo. Ce film retrace le rapport que peut avoir la photographe avec les hommes qu’elle prend en photo.
    • R5: J’avais beaucoup entendu parler de ce film. J’avais déjà commencé une petite série en relation avec la masculinité., et après on m’a parlé de ce film mais je ne l’ai pas encore vu. Mais ça m’a beaucoup parlé. Je ne sais pas si j’ai fais ce travail parce que je suis une femme, ou en tant qu’être humain parce que j’ai voulu explorer cette thématique. Et après ce film tunisien il aborde aussi le côté un peu érotique non? (Entre autre oui…) Je vois… moi je suis plus dans aller chercher la vibe romantique, parler d’amour, les faire rougir… je suis plus dans cette étape.
  • Q6: En tout cas, ce qui m’a interpellé dans ce film, c’était le mansplaining, comment le mannequin veut expliquer à la photographe comment faire son travail par exemple. Donc ce point me ramène à une question que je voudrais vous poser, comment vit une artiste femme dans un milieu marocain, un milieu plus ou moins masculinisé?
    • R6: Pour vous dire la vérité, je fais partie d’une génération d’artistes qui a beaucoup de chance. Oui il y a beaucoup d’hommes, mais ils sont très engagés, ils sont féministes en fait, je n’ai pas senti cette pression. De plus, dans mon milieu de photographie, il y a de plus en plus de femmes, qui ont du courage, il y a Safaa Mazirh, Imane Jamil, Deborah Benzaken, Amina Benbouchta qui est peintre, mais qui a fait de la photo. On est quand même bien entouré. Et personnellement, avec les photographes de ma génération que j’ai rencontrés, c’était toujours un plaisir, on ne m’a jamais découragé, donc c’était une génération plutôt bienveillante, on était dans l’esprit d’avancer ensemble, hommes et femmes.
  • Q7: La question que je veux poser maintenant est relative au male gaze, qui signifie dans la littérature qu’aujourd’hui encore, le contenu artistique est destiné à un public d’hommes. Yasmine Hatimi, êtes vous d’accord avec ces lectures, ou bien pensez vous que l’art est au-delà du genre?
    • R7: J’aimerais penser que c’est au-delà et je pense que petit à petit en est en train d’y arriver, et en plus c’est un phénomène, j’ai l’impression, un peu mondial. Et je pense qu’avec les réseaux sociaux et tout ça, on commence à tous être atteints par cette vide où on veut que tout le monde s’exprime, femme et homme, et qu’il n’ait pas ce male gaze, que la femme puisse aussi avoir son regard et son mot à dire. On a commencé par hollywood qui a commencé  avec le mouvement Me Too et qui commence à faire énormément d’efforts et après j’ai l’impression que ça va être comme un effet dominant  et je crois qu’on est en train de déconstruire tout ça , qu’on est sur la bonne voie, et qu’on a pas mal de chance de faire partie de ce mouvement. 
  • Q8: Dans le monde maintenant, en tout cas dans les domaines de la photo, du cinéma, etc, il y a ce qu’on appelle “la discrimination positive” ou ce que je préfère appeler l’inclusivité dans les arts. Qu’est ce que vous en pensez?
    • R8: Je ne sais pas encore quoi penser, je ne suis pas très sûre, mais ce n’est pas quelque chose qui me plaît énormément. Parce que si on cherche l’égalité, il faut qu’on voit le travail avant tout. Si je gagne un concours parce que je suis une femme.. je ne sais pas, j’aimerais bien gagner parce que mon travail est bon. Je pense qu’on devrait commencer par là, après il faut trouver un moyen, parce que la femme reste quand même un petit peu limitée, dans le domaine de la photo, de journalisme, de guerre, une femme va avoir plus de problèmes d’accès qu’un homme, donc peut être l’aider à accomplir son travail. Mais au final, je pense qu’on doit valoriser l’œuvre, c’est hyper important, et de pouvoir regarder une photo, et de s’en foutre si c’est un homme ou une femme, genre il faut vraiment que ça nous touche, point final. 
  • Q9: Je voudrais vous interroger sur comment l’art ou votre travail est capable de changer les mentalités, et aider à déconstruire les masculinités et aller plus vers la pluralité?
    • R9: J’aimerais pouvoir dire que je pourrais changer les mentalités, mais je ne pense pas que j’ai ce pouvoir là, mais je pense qu’on peut commencer un petit travail de dialogue déjà, et aussi de création d’espace… Quand je prends mes photos, quand je suis avec mes modèles, je me rends compte qu’on a un terrain neutre, où on est tous égaux, donc je pense qu’il faut à l’avenir, créer des terrains d’entente. C’est-à-dire quand on va avoir un spectacle et qu’on rit, on est les deux à rire, quand on a un spectacle de musique et qu’on ressent les mêmes choses. Donc il faut trouver ces terrains où on pourra se réconcilier, se retrouver, ressentir les mêmes choses. Pour moi, faire des photos comme ça, c’est un espace où on va se rassembler et où on va trouver un terrain d’entente.Parce que malheureusement, dans notre société, on essaye de nous diviser, de nous séparer, de par les lois, de par le contexte, etc. Après je pense que dans la rue, on a fait pas mal d’efforts, le fait par exemple de créer des endroits comme des skatepark ou la côte, c’est des espaces où tout le monde peut se rassembler. Franchement je suis venue au Maroc il y a six ans, et je me rappelle quand je sortais c’était encore chiant, le harcèlement verbal et tout, et je pense que ça a beaucoup diminué, parce que justement on a créé des espaces où les gens peuvent se balader, peuvent faire des activités, on retrouve beaucoup plus de groupes de femmes, de groupe d’hommes, les deux mélangés. Et j’ai constaté aussi que c’est chez les nouvelles générations, je pense que quand je me faisais harceler c’était des personnes plus âgés, qui étaient assis dans leurs café, qui chantent toujours la même chanson, mais les jeunes ont envie d’autre chose j’ai l’impression, donc c’est plutôt positif.
  • Q10: Yassmine, en préparant cette épisode, vous m’aviez dit qu’il est important de parler de l’homme maghrébin. Cela me rappelle d’un entretien que j’ai eu avec  la grande féministe et politologue Françoise Vergès, qui me disait que l’image des hommes maghrébins est souvent liée à la sauvagerins, on croit qu’ils sont beaucoup plus sexistes et mysogines que l’homme blanc. C’est quoi votre avis par rapport à ce point.
    • R10: Oui, c’est ça, c’est un fantasme, je voudrais dire occidentale, mais bon. Et en plus, pire encore, après les vagues d’attentats qu’il y a eu, l’image de l’homme maghrébin est encore plus en péril, c’est très grave. Je vous raconte une petite anecdote, mon papa travaille dans le cinéma et il est en train de travailler sur un film américain et il devait caster des jeunes maghrébins, et le réalisateur, quand mon père lui a montré son choix, il lui a dit mais non ils sont trop beaux. Dans son inconscient il voulait montrer que l’homme maghrébin n’est pas un homme beau. Ou encore, je me rappelle, il y a une couverture de Jeune Afrique qui m’a énormément choqué, c’était juste après les attentats de Barcelone, c’était   une couverture rouge, il y était écrit Born in Morocco avec une image des gens qui ont commis les attentats, comment on peut faire une couverture pareille?  Forcément, la vision vers les maghrébin, ça va être une catastrophe dans l’inconscient. Donc oui, il faut  déconstruire tout ça, il faut montrer tout ce qu’il y a de nuances, il faut parler de contraste. Donc oui cette vision occidentale il faut la déconstruire, il faut montrer, il faut qu’on s’exprime dans tous nos arts différents, que ce soit dans le cinéma, dans la photo, dans la musique, etc. 
  • Q11: Yasmine puisque vous travaillez beaucoup sur les hommes maghrébins, pour vous, qui sont les hommes maghrébins de demain?
    • R11: Alors, c’est des hommes complètement libres de toute pression, qui acceptent leur diversité, qui acceptent de ne pas répondre à un certain modèle, et que c’est des hommes… j’ai envie de dire… féministes. C’est un homme qui a envie de liberté, de ne pas répondre à une certaine pression, voilà.
  • Q12: Une dernière question Yasmine, dans machi Rojola, on se réapproprie le nom Machi Rojola, donc il signifie “ce n’est pas bien”, “arrête”, si je vous propose de parler directement avec les hommes qui nous entendent maintenant, pour leur expliquer ce qui est Machi Rojola, que diriez-vous?
  • R12: Soyez libres, soyons tous libres et avançons ensemble, hommes et femmes, c’est important pour notre société. Et aussi j’ai envie de dire que l’homme doit faire un grand travail au sein de sa famille, dans l’éducation des enfants, et la mère aussi a une part importante de responsabilité, donc il faut déconstruire tout ça et essayer  d’avancer. Il faut déconstruire ce mythe de virilité, parce que ça va aider tout le monde. Cela va être quelque chose de sain, de déconstruire ce mythe.