- Q1: Qu’est ce que la masculinité pour toi ?
- Oum, Qu’est ce que la masculinité, je te donnerai une première réponse sans réfléchir. La masculinité est un mot qui me fait penser à des situations où on dit à un homme “nta rajel”, “tle3 rajel” ou parfois on dit aux femmes aussi “trjlat maaya” (elle a été homme avec moi), c’est à dire tout d’abord je le perçois comme quelqu’un sur lequel nous pouvons compter. Ce mot “Rojola” se définit culturellement par quelqu’un sur lequel nous pouvons compter. Personnellement et en réfléchissant, “rojola” ou la masculinité, si on pose la question autrement, qu’est ce que la masculinité? qu’est ce qu’un homme? Un homme pour moi est un être humain comme moi, sur lequel une définition précise de la masculinité lui a été imposée socialement, une manière d’agir comme un homme, c’est pas lui qui décide, c’est le lieu de sa naissance qui décide pour lui, sa culture ou sa religion. Pour moi c’est quelque chose que nous ne choisissons pas malheureusement, parce que notre identité est un droit et une responsabilité de chacun.e, l’identité n’est pas un héritage , mais c’est quelque chose que nous construisons nous même. Si nous ne nous définissons pas nous-même, nous laisserions le champ à plusieurs choses et personnes le définir pour nous.
- Donc la masculinité elle-même se transforme….
- Exactement, pour moi, chacun et chacune de nous doit ressentir ces transformations et les conscientiser et essayer de les comprendre. Nous vivions pour changer, nous ne vivons pas pour que la société puisse choisir pour nous.
- Est ce qu’il est difficile de vivre en tant qu’homme au maroc?
- Bien sûr qu’il est difficile d’être un homme au maroc, il est difficile d’être une femme au maroc, il est difficile d’être un enfant au maroc, et je pense que c’est pareil dans n’importe quelle société. Moi je dis que c’est difficile d’être un homme, mais je sais pas si les hommes au maroc se rendent compte que c’est difficile de vivre en tant qu’hommes au maroc, parce qu’ils se perçoivent eux-même comme étant forts et ne vivant pas de problèmes. Je pense que la santé mentale est très importante dans ce que nous discutons maintenant, quelqu’un qui ne pose pas la question s’il va bien, est ce qu’il est en danger, si mentalement il va bien, parce que la dangerosité est justement de se sentir très bien tout le temps. Plusieurs hommes au maroc donnent une image d’eux exprimant qu’ils sont à l’aise, c’est peut-être pas de leur faute, parce qu’ils ont grandi avec cette idée, on les fait grandir en se basant sur cette idée, commençant par les mères surtout, je suis mère, je ne veux pas dire que c’est de la faute des hommes qu’ils soient machos au maroc ou dans le monde entier, c’est un problème qui date de longtemps. Ce problème est un problème d’éducation, nous, les mères, c’est de notre responsabilité . Pourquoi apprendre aux filles de bien laver la vaisselle et pas les garçons, on peut très bien lui dire “lave ton assiette après le repas », pourquoi c’est le garçon qui sort faire les courses et on apprend à la fille à faire le ménage ou éplucher les légumes et non au garçon, sans parler des filles qui jouent avec des poupées et les garçons avec des voitures. En grandissant, ou en allant faire ses études quelques part loin de nos parents, nous nous rendons compte que la fille est capable de laver ses vêtements, elle sait faire le ménage, or les garçons n’ont jamais été éduqués sur ça, on leur donne toujours une grande confiance et elle forme un réel danger pour eux, un excès de confiance est un grand danger parce qu’ils ne se posent plus les bonnes questions: est ce qu’ils vont bien, est ce qu’ils ont des problèmes, est ce qu’ils sont faibles…
- Je veux te poser la question sur l’amour, puisque vous parlez de l’amour, est ce qu’il est facile de chanter l’amour dans un pays où il est difficile d’aimer légalement et socialement, les gens peuvent se sentir dérangés s’ils perçoivent l’amour dans la rue contrairement à la violence par exemple.
- Je pense que la musique facilite la donne. C’est vrai que la musique repose sur des mots, mais aussi des rythmes et des sons d’instruments de musique, et surtout une âme que nous ressentons qui peut nous calmer et la tirer vers elle petit à petit. Et de par nos sentiments, nous ouvrons des portes à notre corps et à notre pensée, et nous permettons à la musique de transformer l’état d’une personne violente, perturbée, n’acceptant pas certaines idées ou considère que nous n’avons pas le droit d’aimer; de s’ouvrir sur les idées qui viennent après ou les paroles que portent cette chanson, et les accepter plus facilement. Personnellement je fais confiance à cette force que nous retrouvons dans la musique, la musique réconcilie les gens, elle calme, et nous aide à nous accepter nous même. Et c’est là où je considère que j’ai cette responsabilité parce que j’ai vu plusieurs personnes qui deviennent fan d’une musique, et ces personnes représentent plusieurs catégories sociales et plusieurs pays. La musique transforme, et je sais que j’ai cette responsabilité, et si j’ai la possibilité de changer ou inciter les gens à voir les choses sous une autre perspective , je ne dois pas rater l’opportunité de le faire, ou toutes autres personnes qui font de la musique. Par rapport au maroc, je considère que j’ai beaucoup de chance parce que quand j’ai commencé à écrire mes chansons en darija, j’ai remarqué que dans notre langue, nous ne retrouvons pas beaucoup de mots dans lesquels les auditeurs pourront s’identifier, où par lesquels nous pouvons s’exprimer en amour, puisque l’amour est un tabou dans notre culture actuelle, malgré qu’il n’est pas vraiment tabou dans la vraie culture “derrière les murs”, on le sait, mais ce sont des choses que nous n’osons pas dire. Ceci pour moi, a été un réel frein en écrivant mes chansons. Par exemple, nous n’osons pas dire “j’aime”, “kanbghi”, un homme dit à sa femme ou son homme, ‘je veux dormir avec toi’ (bghit n3ass m3ak), mais ce n’est pas réellement le sens propre du mot, “n3ass” c’est le sommeil, et l’amour c’est l’amour, nous n’avons pas des termes qui désigne le désir ou ce type d’amour. L’amour n’a pas qu’un seul sens, l’amour a plusieurs sens, dans la langue arabe nous pouvons retrouver jusqu’à 52 synonymes de l’amour et types d’amours. Dans ma chansons “Jini” je l’ai faite parce que je me suis posée la question sur les femmes marocaines et leur représentations dans les films et séries télévisées, où nous ne les retrouvons pas dire “bghitek” (j’ai envie de toi), et c’est pas les femmes qui le disent mais les hommes, parce que le désir lui est propre plus qu’elle. Donc pour moi la chanson “jini” avait pour objectif de rappeler aux gens que nous sommes tous des être humains, les hommes comme les femmes ont des désirs, donc la musique nous permet aussi de mettre les points sur les i par rapport à la vérité et comment nous nous voilons la face. Ceci passe dans la musique, nous avons les exemples des femmes voilées ou qui ont l’air d’être très renfermées sur elles mêmes, viennent me féliciter pour “jini”, on lui a rien caché, la musique franchir ces barrières. Nous au maroc nous n’avons pas le droit d’aimer, alors que l’amour est incontrôlable même sous pression de la police. Nous aimerions avoir plus de liberté, parce que l’amour n’est pas un tabou, au contraire, l’amour est important, c’est un moyen de lâcher prise, de diminuer les violences, de se réconcilier avec soi-même, avec le corps… Parce que la relation que nous avons avec notre corps et la rue est aussi fortement difficile à part l’aspect vestimentaire puisque les femmes se font harceler même si leurs formes sont cachées, on se sent coupable de notre corps et ceci représente une grande dangerosité, parce que les gens grandissent avec une relation très complexe avec leur corps, l’amour est important, nous devons nous aimer et aimer et être à l’aise notre corps quelque soit son type. Il faut avoir confiance en notre corps, comme ça on pourrait marcher dignement et avec la tête haute, de cette manière, nous éviterons que les mots et les regards des gens nous perturbent. Nos parents nous ont aimé, ils n’ont pas toujours dit qu’ils nous aimaient, mais nous faisons des câlins, nous tapotons..Mais ces gestes ne nous suffisent pas, ceci doit être dit et vu dans la rue. Je peux comprendre qu’il y aura des gens qui se sentiraient gênés de voir une fille et un garçons qui s’embrassent devant eux …
- Mais les gens peuvent ne pas se sentir gênés quand ils voient quelqu’un de violent dans la rue, ou quelqu’un qui frappe une femme…
- Oui ils peuvent être gênés mais ils n’ont pas la force d’aller prendre la défense de la personne violentée, mais lui serait facile d’aller demander aux personnes qui s’embrassent ce qu’ils font (wlad lhram) fils de maudits… Je pense aussi que c’est un rapport de force, quelqu’un qui vient s’incruster dans une situation de deux personnes dans la rue lui serait facile de leur dire que ceci n’est pas normal parce que lui aussi se considère que sa place dans la rue est légitime.
- Peut-être aussi que ça vient du manque de lois protégeant les personnes qui s’aiment
- Bien sûr, les lois ne protègent pas les personnes qui aiment, au contraire, elles les menacent de prison. Je ne sais pas si c’est dans tous les pays, ou si c’est juste chez nous. Je pense qu’il est temps de changer cette situation, il y a beaucoup de gens qui en parlent en ce moment, tout le monde est au courant, qu’est ce qu’on pourrait perdre si on enlève ces lois !
- Au contraire nous gagnerons plusieurs choses, la rue deviendra plus belle !
- La rue deviendra plus belle, où nous pourrons retrouver des personnes qui s’aiment en toute sérénité, parce qu’il y a aussi ce rapport de culpabilité: c’est hchouma d’aimer, hchouma de se toucher, et jusqu’à quand? Est ce que tu continueras ta vie en te cachant toi-même? Tu vas juste devenir malade, et tu es déjà malade! Ça ne s’arrange pas avec l’âge.
- Oum, est ce que dans l’amour, comme dans toute autre chose nous en retrouvons une discrimination? Je trouve ce point bizarre parce que je me rappelle quand j’étais adolescent, on me disait que le garçon ne devrait jamais monter qu’il est amoureux, c’est une chose propre au filles parce qu’il est naturel qu’elles tombent amoureuses, et les hommes ne doivent pas tomber amoureux, il doit le cacher, ne pas le dire à ses amis sinon ils se moqueront de lui. Mais en même temps quand la police les arrête dans la rue, c’est la fille qui paye les pots cassés, parce qu’elle est dans ce cas pas bien éduquée. Donc est ce qu’il y a une discrimitaion basée sur le genre même dans l’amour ?
- Bien sûr qu’il existe une discrimination et tu l’as très bien expliqué, on punie les hommes et les femmes de manière différente et ceci revient aussi à l’éducation, parce que l’agent de police est un garçon aussi et qui a grandi es ailes de sa mère, et avant même d’être un policier officiellement, il l’est officieusement. Tous les hommes sont des policiers non? Et par défaut (rires) donc c’est les mères, c’est nos mères qui nous façonnent d’une manière qui va par la suite se transformer en danger sur elles même ou sur leurs filles, pour moi c’est une responsabilité des mères, elles sont d’une grande importance dans nos vie, je ne jette pas comme ça la responsabilité sur les mères toutes seules, mais elles participent aussi dans l’éducation des garçons, on les gâtent et on laisse la société s’affronter à eux. On ne peut se contenter de dire “les pauvres filles sont victimes de la société” mais on espère que ces filles changeront leur modes d’éducation dans l’avenir. Et je pense qu’il y a un changement, je n’ai pas pu témoigner sur les modes de vie de la nouvelle génération bien sûr, mais je remarque que dans les relations de couple marié ou pas marié entre 20 et 30 ans vivant au maroc qui s’aiment et vivent heureux, ils s’aident mutuellement dans les tâches ménagères par exemple, dans la cuisine et sont tout les deux d’accord sur ce mode là. Je remarque ainsi un changement dans la manière par laquelle les hommes et les femmes s’expriment librement, et comment les femmes imposent un nouveau modèle d’elles même, et comment les hommes acceptent d’adhérer à un nouveau comportement, et le vivent très bien.
- Oum, nous avons fait un portrait de la masculinité et l’inégalité au maroc, maintenant j’aimerais te poser la question sur les solutions envisageables, tu es une artiste et l’art joue un rôle très important dans la résolution des problèmes de masculinités toxiques et les inégalités au Maroc, quelles sont les solution qu’on pourrait envisager à ton avis?
- Nous devons revoir nos principes d’éducation, et par l’éducation j’entend celle de nos mère, de nos pères, la relation entre nos parents donne aussi un modèle qui des fois peut-être nuisible, un modèle universel qui répond au capitalisme et une culture universelle masculine et machiste. Donc on doit revoir en tant que parents nos relations comme mari et épouse et ce qu’on montre à nos enfants comme expérience de deux personnes vivant ensemble, avant d’arriver à l’éducation genrée des comportements, on doit présenter un modèle correct et sain. L’éducation se trouve aussi au sein de l’école, les comportements des professeur doit changer, mais aussi les manuels scolaires et ajouter des matières comme l’éducation sexuelle qui est très importante, que nous ne retrouvons malheureusement ni à l’école ni au sein de la famille, on apprend la vie sexelle tout seuls ou alors en cachette, ce qui nous rend mal à l’aise par rapport à notre corps et nous même, et malheureusement plusieurs personnes considèrent que l’amour ou le sexe est quelque chose de sale, et ceci revient évidement à l’éducation parce que personne nous a apprit à s’accepter et de nous dire que ce sont des choses naturelles , mais nous éduquent à ne pas les voir. L’éducation est dans tout ce qu’on voit dans la rue aussi. Nous sommes responsables de l’éducation des prochaines générations dans notre manière de nous comporter dans la rue, comment on marche, comment on respecte (ou pas) la rue. Il y a une grande différence de comment nous nous comportons dans la rue et comment nous nous comportons à la maison. Nous devons éduquer nos enfants sur la manière d’être présent dans l’espace, loin des comportements indésirables mais d’une manière dans laquelle nous sommes à l’aise. Parmi les solutions, nous devons voir plus de beauté pour se sentir bien, la beauté en ce que la télévision propose comme programme, puisque nous bâtissons nos relations sociales ou amoureuses en se référant à ceux ci. Nous devons voir la beauté, nous devons écouter la beauté, et il faut revoir les produits que nous présente notre culture actuelle, comme ce que proposent les réseaux, les vidéos, la relation des femmes avec leur corps, on y retrouve des femmes qui vendent leur corps, je n’ai pas de problème avec ça, mais y en a certaines qui misent tout sur un aspect vestimentaire pour plaire, elle n’a pas besoin d’aller aussi loin pour plaire, parce qu’elle est dotée de plusieurs choses pour qu’elle puisse plaire et gagner confiance en elle même, ça existe aussi chez les hommes mais nous le retrouvons surtout chez les femmes, et ceci est aussi une responsabilité, parce que nous sommes pas entrain d’aider ces hommes à nous voir d’une autre manière, c’est l’attitude et les modèles de Youtube par exemple qui devront changer. La solution pour moi c’est l’amour, parce que l’amour est la solution.(rires) L’amour c’est le tout, l’amour c’est la réponse. Je ne parle pas de l’amour interpersonnel, mais l’amour de tout, l’amour du domaine, l’amour de la vie, l’amour envers soi en premier lieu bien sûr.
- Je voulais te poser aussi la question sur la musique, personnellement je trouve qu’il y a des genres de musique où la manifestation des masculinités toxiques se manifeste plus que dans d’autres genres, surtout dans la musique commerciale, j’entend passer plusieurs messages de la culpabilisation des femmes, je veux pas citer d’exemples … La musique comme celle d’Oum n’est pas aussi présente par exemple dans les radios que d’autres, votre musique on part la chercher!
- Il est possible que ce modèle soit le plus dominant au monde et pas qu’au maroc, malheureusement, si je vais voir ce qui passe dans la radio dans n’importe quel pays, je vais retrouver de la musique commerciale, facile et toxique. Il a peut-être des causes et d’autres explications, nous parlons du modèle capitaliste où nous devrions vendre et préparer un produit et le façonner pour qu’il puisse être vendu, l’amour n’est pas vendre une personne, il existe des artistes qui écrivent et font une musique qu’ils ressentent et d’autres qui les écoutent. Le problème du commercial et du modèle toxique a toujours existé, et existera n’importe où on va, mais c’est de notre responsabilité de chercher et si on est encore jeune, c’est de la responsabilité des moins jeunes qui nous entourent de nous montrer qu’il existe d’autres alternatives, ceci est la responsabilité de tout le monde dans la transformation de la société pour une forme plus correcte, à partir du moment où l’on observe qu’une personne regarde des choses inacceptables ou qui vont nuir à la société par la suite, nous pouvons proposer une alternative sans pour autant essayer de la changer. L’important est de lui ouvrir les yeux sur d’autres pistes. On devient responsable de la toxicité si nous ignorons les intérêts toxiques de cet individu, et c’est là où tu deviens aussi toxique ou complice de la toxicité.
- Oum, nous avons des lois au maroc qui sont “Machi Roujoula” (rires) qui s’intersectent avec la constitution. Je veux te poser la question sur deux lois qui touchent principalement l’amour et qui influencent les jeunes d’aujourd’hui, donc ce sont les loi 490 et 489 du code pénal marocain.
- Le premier donc interdit d’avoir des relations sexuelles hors mariage, et un autre qui stipule l’interdiction des relations entre les personnes du même sexe, homme homme ou femme femme, et selon lequel nous pouvons aller en prison ou payer une amende entre 2000dhs à 20 000 dhs. C’est aberrant! C’est pas possible! Tous les jeunes devront avoir peur. Bien sûr qu’on fait attention pour ne pas tomber dans un problème qui est la prison, mais ça coûte quand même beaucoup d’énergie pour se cacher et se conformer, pourquoi? La vie est très courte, nous devons bien la vivre et la vivre tranquillement et sentir qu’on ne fait rien de mal, qu’est ce que tu veux que je te dise, il faut les supprimer! On connaît ces lois et elles doivent être supprimées, si nous avons une manière de faire il faut l’expliciter, nous devons être nombreux, nous devons crier, nous devons chanter. Je pense que nous sommes la majorité et ce jour viendra, et j’espère que d’ici là ces lois seraient déjà supprimées, mais plus que les lois, les mentalités doivent changer. La loi gêne tout le monde! Si elle est supprimé ça serait symbolique à un grand pas vers l’avant par rapport à l’ouverture d’esprit de notre pays, comme il l’est maintenant dans plusieurs domaines, soit officiellement soit au niveau des individus: des musiciens, des chercheur.e.s, jeunes, militant.e.s, nous avons une belle énergie et les personnes deviennent de plus en plus libre. Donc cette énergie grandit de jour en jour, et à un moment donné l’amour gagnera, les mentalités doivent changer, nous savons tous qu’il faut du temps pour témoigner à un changement des mentalités, il nous faut deux à trois générations pour pouvoir la changer, mais nous sommes déjà entrain de faire quelque chose qui changera notre lendemain, on doit pas attendre le changement des mentalités d’ici 30 ans, d’ici 30 ans, nous verrons les résultats des efforts que font les gens aujourd’hui. Mais, moi je ne dirai pas que je suis à l’aise mais j’ai une belle confiance aux jeunes hommes et femmes marocain.e.s que nous connaissons personnellement ou de loin, qui ont une production de pensée relativement libre, moi quand j’avais 20 ans la situation n’était pas du tout la même, et c’est très important, ils sont à l’aise avec eux même et s’en fichent! Mais ce qui est dommage c’est qu’ils faut qu’ils se cachent et se retiennent de vivre librement, nous les voulons comme ils sont, trop beaux.belles et en paix, avec leur pensées “propres” et à jour, on les veut et on veut leur visibilité.
- Oum, à qui et pourquoi tu aimerais dire “Hadchi machi roujoula”?
- Hadchi machi roujoula… Plusieurs! (rires) je le dirai au système et toutes les personnes qui se disent être quelque chose alors qu’ils sont tout le contraire de cette chose là, Machi Roujoula à tous les menteur.euses, je ne sais pas comment ils font pour dormir la conscience tranquille. Machi roujoula!
- Oum dans la première saison de Machi Roujoula nous avons eu 60% des hommes auditeurs, qu’aimerais tu leur dire?
- Soyez les bienvenus, dites le à vos amis, et venez vous aussi parler. Aimez vous, n’ayez pas peur, vous n’êtes pas responsables des fautes que vous avez commises, vous êtes comme tout le monde et il n’est pas tard ! Nous sommes dans cette vie pour s’améliorer, tant que nous sommes là aujourd’hui, nous avons la possibilité de changer vers le mieux, et ça c’est notre responsabilité. Donc ces 60% d’hommes bravo à vous, bienvenue sur Machi Roujoula, produisez plusieurs modèles d’expressions comme machi roujoula! Kounou Rjal!
- Dernière questions, comment perçois-tu les hommes de demain?
- Les hommes de demain on les voit maintenant, je les vois, je le vois en mon fils qui a 13 ans maintenant, ils ne sont pas tous pareils, ils acceptent plusieurs choses que nous n’arrivions pas à accepter avant, notamment dans la liberté de l’autre. Les hommes de demain ne veulent pas d’autorité, ils s’en fichent! Je ne sais pas s’ ils s’en fichent ou ils n’ont plus le temps. Ce n’est pas important pour eux le fait que quelqu’un d’autre fasse des choses loin de leur conviction, je crois que les hommes de demain réfléchissent à eux même plus qu’avant chose qui est normale, ils se posent des questions, les questions viennent jusqu’à chez eux, comme dans les productions cinématographiques, dans les affaires sociales dans le monde entier, plusieurs catégories sont maintenant représentés chose que nous pouvions pas apercevoir avant, ceci laisse les gens penser. Il existe aussi plusieurs productions culturelles notamment cinématographiques, des livres, pas comme je veux, mais il existe plusieurs filles et femmes qui produisent, et je pense qu’il faut qu’on soit à l’écoute des points de vues des filles et des femmes parce qu’elles sont différentes, on voit le monde avec plusieurs manières, on le sent de plusieurs manières, mais malheureusement, et dans le monde entier, les hommes qui l’ont écrit les ont catégorisé et ont interdit les femmes de leurs droits. Elles attendent le 8 mars pour pouvoir penser aux droits qu’ils me restent pour aller leur demander. Je pense que les hommes de demain ont dépassé cela, parce qu’en même temps, la réalité s’est mise face à eux, il est naturel donc qu’ils ouvrent leurs oreilles et leurs sentiments à ce changement où ils jouent un rôle aussi.
- Oum je vous ai pas posé la question par rapport à la définition de l’amour, qu’est ce que l’amour pour toi?
- L’amour pour moi c’est le tout ! L’amour c’est la réponse, c’est la solution, c’est la problématique, l’amour nous apaise. Quand nous sommes perturbés ou en dispute avec quelqu’un, ce qui apaise c’est de le pardonner, même si ce n’est pas facile. Pour pardonner quelqu’un qui t’as fait du mal, il te faut de l’amour, un grand amour. Il faut avoir un grand amour pour accepter plusieurs choses, il faut avoir un grand amour pour rester humble, et l’amour grandit en nous, il n’y a jamais assez d’amour en nous et il faut prendre ceci comme une mission. L’amour c’est tout, l’amour c’est l’objectif, il faut qu’on aime plus!
- L’amour c’est la solution contre la masculinité toxique
- L’amour est la solution de tout, commençant par la masculinité toxique.
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Machi Rojola est la première plateforme 100% marocaine qui promeut les masculinités positives.
Initiée par le collectif ELLILE, Machi Rojola vise à travers un prisme féministe, à repenser la masculinité dans une société patriarcale.
La plateforme qui n’est pas destinée à diaboliser les hommes, mais plutôt à mettre en évidence les effets nocifs et socialement destructeurs de certains idéaux traditionnels des comportements masculins tels que la domination masculine, l'homophobie, la misogynie, le harcèlement, l’autosuffisance... par la promotion et la défense des masculinités positives et plurielles.
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