Pourquoi je relance Machi Rojola ?
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Repenser nos masculinités, c’est urgent. En 2020, j’ai lancé Machi Rojola, un podcast pour poser une question simple : Et si les hommes changeaient vraiment ? Depuis, il y a eu des épisodes du podcast, des silences, des doutes, des retours, et une certitude : ce combat est loin d’être fini. On parle de santé mentale, de domination, de pouvoir, de soin, de vulnérabilité. On parle de ce que les hommes doivent apprendre, désapprendre, se taire ou enfin dire. Aujourd’hui, je relance Machi Rojola. Et j’ai écrit ce texte pour en poser les bases. Pour raconter pourquoi Je relance Machi Rojola.
En 2020, j’ai décidé de lancer un podcast sur une question qui me tient à cœur :
s’engager pour des masculinités inclusives au Maroc. Ce combat me traversait depuis longtemps. Mais le confinement lié au Covid-19 l’a cristallisé. Comment, moi, en tant qu’homme, pouvais-je prendre soin de ma santé mentale dans un moment de crise ?
Et, en même temps, interroger ma place dans les systèmes de domination patriarcale ?
Ma relation aux femmes, aux hommes, à l’autre, à l’espace ?
Puis j’ai dû faire une pause. Un off. Un stand-by. Il y a eu quatre saisons du podcast Machi Rojola, près de 32 épisodes. Mais au milieu de tout ça, il fallait marquer un arrêt.
Prendre du recul. Interroger la nécessité de ce mouvement dans notre société.
En 2020, j’ai décidé de lancer un podcast sur une question qui me tient à cœur: s’engager pour des masculinités inclusives au Maroc. En 2025, cinq ans plus tard, le monde a changé.
J’ai envisagé d’arrêter. Les moments difficiles ne manquaient pas : découragement, abattement, messages toxiques. Mais rien de tout cela ne pèse face aux centaines de messages de soutien, d’encouragement, d’empathie que j’ai reçus.
J’ai vu ces espaces sabordés. Envahis. Infectés par une compétitivité toxique. Par des comportements destructeurs d’hommes qui n’ont rien compris à l’écoute, ni à l’humilité. Cela m’a forcé à réfléchir sérieusement à la place des hommes dans ces luttes : Ce qu’ils peuvent dire. Ce qu’ils doivent taire. Ce qu’ils peuvent faire. Et ce qu’ils ne doivent surtout pas faire
Un point essentiel : Revendiquer une masculinité inclusive ne doit jamais servir à justifier l’appropriation par les hommes des espaces féminins et féministes.
Repenser sa masculinité est un travail d’introspection : Sur nos mots. Nos silences.
Nos interactions. Notre rapport à la violence, à la tendresse, au pouvoir, à la planète.
À notre propre corps.
Machi Rojola est une tentative. Pour penser une masculinité qui n’existe peut-être pas encore. Que je cherche, que je revendique, sans réussir à l’incarner totalement.
Repenser sa masculinité est un travail d’introspection : Sur nos mots. Nos silences.
Nos interactions. Notre rapport à la violence, à la tendresse, au pouvoir, à la planète.
À notre propre corps.
2025, cinq ans plus tard. Entre-temps, le monde a changé. Ou plutôt, il a chuté: Montée des mouvements réactionnaires Trump, Musk, les masculinismes anti-genre. Recul des politiques d’égalité chez Meta, Amazon… Retour massif des discours conservateurs, nationalistes, fascisants et pendant ce temps, certains hommes envahissent les espaces féminins, détournent leurs combats. Reproduisent les mêmes logiques : compétition, divisions, transphobie, homophobie intériorisée.
Ce combat n’est plus individuel. C’est un combat collectif, communautaire, planétaire. Un combat contre l’accaparement du pouvoir par les hommes, les élites, les puissants.
Un combat qui se joue aussi dans les détails.
Le débat sur la Mudawana l’a bien montré : Trop peu de place accordée à la diversité des voix. Trop peu d’écoute des jeunes, des femmes de tous horizons, des familles marginalisées ou invisibilisées, choisies ou composées .
Et si… Et si sortir de tout cela passait par un travail sur nos masculinités ?
Et plus largement, sur notre rapport au pouvoir ?
Je me méfie de celui qui se présente comme « déconstruit ». Comment atteindre un tel idéal en vivant encore dans un monde patriarcal ?
Je relance Machi Rojola parce que les masculinités inclusives, ce n’est pas juste une question de tâches ménagères ou de gestes visibles. C’est une question de santé mentale, d’identité, de privilèges, de vulnérabilités. Ce que les hommes reçoivent par défaut, et que d’autres doivent arracher de haute lutte. C’est un rapport à l’espace. À l’autre. À soi. C’est un combat pour : l’éducation. la santé sexuelle. le bien-être collectif.
Je relance Machi Rojola avec le cœur. Avec le corps. Avec les émotions. Parce que c’est là que tout commence.
Les propos exprimés n’engagent que leur auteur et l’équipe de Machi Rojola, et ne représentent en aucun cas les positions des partenaires.
La nouvelle saison de Machi Rojola est réalisée avec le soutien du programme Ajyal Égalité, financé par l’Agence Française de Développement (AFD) et l’Ambassade de France au Maroc. Mis en œuvre par Expertise France, ce programme soutient les acteurs locaux engagés pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes en Afrique du Nord.
